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C'est l'heure de la transition écologique et sociale des entreprises - Entretien avec Sylvai



L’innovation c’est ce qui permet à une entreprise de rester pertinente et compétitive. Mais comment concilier cela avec l'impératif écologique ? Savvier et son écosystème de talents vous donnent les clés.

Dans cet entretien, Sylvain Allard, fondateur de Shapearth, nous livre sa vision de l'entreprise engagée et les leviers pour traduire l'innovation responsable en pratique.

 

Nous vivons un moment historique inédit où nos modèles économiques et sociaux sont mis à rude épreuve. Une prise de conscience semble se généraliser en France : 77% des français estiment que la crise sanitaire est l’occasion d’aller vers une transition écologique plus ambitieuse.


Ce chiffre n’est pas surprenant. La crise COVID19 confronte l’humanité à sa profonde vulnérabilité face aux grands enjeux planétaires et à la nécessité de s’adapter pour être plus résilients. C’est évident, santé humaine et santé des écosystèmes sont étroitement liée, la crise actuelle nous amène donc à repenser nos engagements écologiques également. D’autant plus que pour beaucoup, le confinement a permis de retrouver un rythme plus humain et du temps pour soi pour réfléchir et se questionner sur nos modes de vie, nos choix. Dans un monde soudainement à l'arrêt, les citoyens prennent du recul et recherchent du sens. Quel monde souhaitons nous voir demain? Pourquoi continuer d’alimenter et de perfuser des modèles non durables?

Les signaux seraient ainsi favorables à l’action concrète vers une transition écologique ambitieuse. Sinon - et le vrai risque “post-crise” est celui-là - nous irons vers une reprise de l’activité industrielle démultipliée et anti-écologique pour rattraper le retard dû au confinement. L’issue salutaire serait d’éviter de revenir au “Business as usual” et de recycler les anciens modèles qui ont fragilisé la société et la planète.

Quel rôle peuvent jouer les entreprises dans cette transition ?

C’est dans les phases de crise que se mesure la sincérité des engagements des entreprises. Il est grand temps que les entreprises évaluent et assument la responsabilité de l’impact sociétal et écologique de leurs activités. Plus que jamais, il faut se poser les bonnes questions, faire des choix au profit de modèles plus vertueux, résilients, adaptables, locaux, soutenables et systémiques. La satisfaction des besoins des consommateurs peut et doit être rendue compatible avec la préservation de la nature.

Pour trouver les leviers de cette transformation qui devient urgente, les entreprises devront se réinterroger sur leurs relations avec leurs parties prenantes, la cohérence de leur développement, la pertinence de leur stratégie et les moyens mis en oeuvre ainsi que leur raison d’être. À noter que cette exigence vient aussi des collaborateurs. Ils attendent une implication concrète de leurs entreprises, qu’elles leur donnent les moyens de passer à l’action et d'agir dans une logique de rassemblement et de bien commun. Les talents et les énergies positives nécessaires au changement, les entreprises les ont déjà !

Pour activer ces leviers et catalyser le changement, il va falloir définir de nouveaux indicateurs de valeur et aller plus loin qu’un simple reporting des Objectifs de développement durable pour adopter une réelle stratégie RSE. Il conviendra aussi de penser des modèles d’affaires durables, développer des produits et services responsables et surtout répondre à de réels besoins fondamentaux. Innover, oui ! Mais de manière responsable.

Les entreprise devront aussi communiquer différemment avec les consommateurs pour mobiliser l’attention du public sur le sujet de la responsabilité et ainsi orienter les “clients” vers une consommation plus responsable et faciliter le changement des habitudes de consommation.

Les consommateurs sont d’ailleurs de plus en plus exigeants envers les marques …

Les consommateurs sont les votants, approbateurs et influenceurs des produits et des services, donc oui ils ont un rôle majeur. Ils sont de plus en plus conscients de l’impact de leur consommation quotidienne sur la planète et souhaitent mieux acheter, mieux consommer et mieux jeter. C’est pour cela qu’ils n’hésitent plus à boycotter les entreprises qui ne s'engagent pas à répondre aux défis et enjeux environnementaux. Acheter, c’est cautionner ! Deux français sur trois, selon Accenture, ont conscience que refuser d’acheter les produits d’une entreprise ou s’en plaindre sur les médias sociaux peut avoir un impact sur le comportement des entreprises. Ils ont les moyens de faire entendre leurs exigences et dénoncer les manquements et les incohérences des marques.

Rajoutez à cela le fait que la confiance envers les entreprises est encore fébrile. Moins de 30% des français font confiance aux grandes entreprises, contre 54% en 2004 (Etude Ethicity). Ils souhaitent plus de transparence et de visibilité sur les produits commercialisés. Aussi 73% des consommateurs pensent que les entreprises sont les acteurs principaux pour agir en faveur du développement durable, c’est leur responsabilité qui est la plus engagées à leurs yeux. C’est pour cela que les entreprises doivent écouter ces attentes fortes et y répondre concrètement avec ambition et impact, sinon elles risquent de perdre des parts de marchés et leur crédibilité.

Vous avez fondé Shapearth avec l’ambition d’aider les entreprises à prendre des actions concrètes et jouer un rôle proactif dans la résolution des problématiques environnementales et sociales. Comment dépasser le “green-washing” qui privilégie l’image à l’impact ?


Le greenwashing est avant tout une technique marketing agressive pour exploiter faussement le filon de l’écologie et de l’environnement (contraction de “Green” et de “Brainwashing”). L’objectif est souvent de se racheter une conscience écologique afin de vendre davantage de produits. Il est impératif de sortir de cette spirale néfaste et préjudiciable pour tous.

Les entreprises doivent avant tout se mettre en mouvement et passer à l’action de manière concrète et mesurable. Pour éviter le Greenwashing, il faut apporter des preuves concrètes et crédibles. Pas de simples reportings mais des projets et des actions opérationnelles tangibles. Les énergies devraient être consacrées à plus de cohérence et d’auto-critique. Une entreprise engagée et reconnue comme éco-responsable n’a pas le besoin de communiquer à outrance ses contributions. Sa raison d'être, ses valeurs et sa stratégie transpirent “engagement” et “cohérence”. C’est le cas de la société Patagonia, à titre d’exemple.

Je suis toujours méfiant envers le marketing tant il prend la dimension écologique comme argument de vente. C’est aussi le cas des consommateurs, qui savent se renseigner pour juger. Un packaging écolo ne rend pas le produit écolo, alors cessons d'usurper le consommateur car il est maintenant capable de juger - et sévèrement - de ces aberrations. Sortons des anciennes recettes et redéfinissons de nouveaux indicateurs de performance. Privilégions aux bruits des actions ambitieuses et de l’impact concret !

Vous parlez d’innovation responsable, comment la définissez-vous ?

Pour Shapearth, l’innovation responsable est celle qui intègre les enjeux éthiques, sociaux et environnementaux. Nous sommes convaincus que l’innovation responsable doit être prise en compte dans toutes les stratégies d’innovation, tous les processus et tous les développements et pour l'ensemble des cibles.


L’innovation responsable repose sur 3 principes :

  1. Questionner les réponses à apporter aux besoins des individus : doit-on toujours répondre aux besoins, tous les besoins, des individus? Sommes-nous en train de répondre à un vrai problème ou seulement rassasier une soif de consommation et de possession ?

  2. Mesurer les impacts directs des innovations : l’innovateur doit comprendre qu’il porte la responsabilité des effets subis par ses bénéficiaires ou son écosystème

  3. Considérer les conséquences indirectes des innovations : nous interagissons au sein d’un écosystème, et les innovations ont aussi des impacts indirects qu’il est important d’anticiper et pour lesquels il faut rendre des comptes

L’avantage de cette approche est qu’elle apporte une vision plus large et systémique des problématiques adressées. Elle cherche à prendre en compte, dans toutes les innovations, l’impact social et environnemental potentiel et de transformer les contraintes en opportunités business de manière responsable et positive. Ainsi, intégrer l’innovation responsable apporte un avantage compétitif sur le court et le long terme, en préservant les intérêts de toutes les parties prenantes (clients, partenaires, fournisseurs…).

Quels leviers et approches mobilisez-vous concrètement pour passer de l’intention à l’action ? et selon vous, quels sont les plus grands obstacles à la transformation éco-responsable dans l’entreprise ? Comment les vaincre ?


Je suis convaincu par le “tout est possible” et par l’envie de reconnecter et fédérer les collaborateurs des entreprises et les citoyens autour d’actions qui ont du sens. Pour insuffler des envies d’agir et le passage à l’action - oser des choses et ne plus faire du neuf avec du vieux - nous travaillons beaucoup sur la posture et le “mindset”, l'innovation responsable, l’approche systémique et l’exploration de business soutenables. L'intelligence collective, pilier de Shapearth permet de s'aligner sur un horizon et une vision commune, de partager des valeurs et de se rassembler pour apporter sa pierre à l’édifice d’un nouveau monde en harmonie avec le vivant.


Nous nous focalisons sur des méthodes et principes d’innovation responsable centrée sur l'étude des impacts, enjeux, problématiques et externalités négatives avec des approches collaboratives, agiles et itératives. Nous souhaitons challenger les modèles actuels !


Nous insistons sur la notion du sens, la raison d'être des entreprises et des projets et l’empowerment des collaborateurs: eux qui ne se sentent souvent impuissants, non alignés avec les valeurs de leurs entreprises et qui pourtant souhaitent s’engager et avoir un rôle dans cette transformation écologique. Seuls 15% des collaborateurs sont impliqués dans la stratégie RSE de leur entreprise alors que 70% veulent l'être davantage. L'engagement des collaborateurs est en enjeu primordial ! Nous souhaitons leur donner du pouvoir à chacun afin qu’ils puissent s’investir à leur échelle, s’exprimer et agir.


Au travers de nos outils et méthodes, nous appliquons le concept de l'économie circulaire dont la conception régénérative. En effet, les entreprises actuelles suivent des modèles linéaires (fabrication, production, consommation et rejet) qui entraînent des problèmes écologiques majeurs. Nous prônons ainsi la frugalité, l’éco-conception (philosophie “cradle to cradle”) pour un impact positif sur l'économie et l'environnement. Il est nécessaire de favoriser la sobriété plutôt que l’abondance, s'inspirer du vivant, relocaliser l'économie, revaloriser le savoir faire et développer l’esprit de coopération plutôt que de concurrence.


In fine, l’objectif est de dépasser les actions de communication et de redonner du “poids” et de l’oxygène à la RSE des grandes entreprises. Certes, les obstacles sont présents et il faudra user de persévérance et d’énergie pour les vaincre, cette transformation et ces changements de modèles sont souvent longs. Le développement durable est encore trop souvent perçu par l'entreprise comme un objectif secondaire, de plus, le lobbying, les actionnaires, la gouvernance, empêchent souvent le déclenchement d’actions concrètes ambitieuses. Pourtant les entreprises plus responsables sont les plus résilientes et celles qui ont le mieux résisté au krach boursier pendant la crise COVID ! Donc le contexte est propice : la crise sanitaire ainsi que le déclic écologique devraient pousser à agir. Il est aujourd’hui clair que pour rassembler et durer, il faut des objectifs concrets et des actions significatives vers une économie de l’utilité et du bien commun.


Je suis convaincu qu’une entreprise “gagnante” est celle qui créera un environnement propice à la construction du sens et de l’impact positif. Mettons nous en mouvement, et comme disait Gandhi, soyons le changement que nous voulons voir dans ce monde.

 

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